Comme un goût de trop peu…
Dimanche, 23 heures. Les tambours et les fifres se font encore entendre par moments dans les rues de mon village. Mais la fête se termine. Deux week-ends de fêtes, de retrouvailles, d’ambiance chaleureuse même si le soleil ne s’est pas beaucoup montré. Ici, on fête la Trinité. Même si on n’est pas croyant. (Je vous invite à découvrir ici en quoi consiste cette fête, ses origines, son originalité…) Difficile à expliquer au touriste de passage le sens de cette fête. Lui ne voit que la partie émergée de l’iceberg: des gens qui défilent en uniforme et précèdent une procession qui s’appauvrit au fil des ans.
Pour le citoyen lambda, c’est vraiment autre chose. C’est une fête notée au calendrier chaque année, prioritaire sur toutes les autres activités. (Á Thuin, par exemple, on parle de la Saint-Roch comme du nouvel-an thudinien!). Ce folklore, il fait partie de moi. Je suis né dedans. Entendre au loin des tambours éveille en moi des tas de souvenirs, plus plaisants les uns que les autres. Je me rappelle mes premiers pas de Marcheur, à peine âgé de trois ans, entre mon oncle Guy et Tim, un Anglais qui avait débarqué en Normandie en 44 et n’était plus retourné chez lui. Évidemment, cette année-là, je n’avais fait que la sortie de la procession et sa rentrée, sans participer à ce qu’on appelle « le grand Tour » qui ceinture le village. La Trinité c’était aussi, pour moi, la grosse réunion de famille chez mes grands-parents. Des tablées immenses autour du célèbre lapin à la sauce tomate de ma grand-mère. Toute la journée, c’était les entrées et sorties des oncles et tantes, cousins, cousines, frères, soeurs, neveux… sans oublier les nombreux amis de la famille! Ça n’arrêtait pas !
Aujourd’hui, le plaisir est toujours là, aussi intense, même si les choses évoluent et que notre folklore subit les désagréments de notre temps comme l’obligation de faire appel à des sociétés de gardiennage pour « protéger » les compagnies… Mais quelle joie de retrouver au cours de ces jours de fête des amis qu’on ne voit plus parfois qu’à cette occasion parce qu’ils se sont installés ailleurs. Des anciens voisins, des camarades de jeunesse avec qui on a fait les 400 coups. Quel plaisir de partager un verre avec l’un, avec l’autre, d’évoquer des souvenir, se remémorer des personnes disparues. De voir comment a évolué telle ou telle personne que l’on a connue très jeune…
Cette fête, c’est surtout un ensemble de petits moments de pur bonheur, difficiles à expliquer et qui quand elle se termine, laisse immanquablement un goût de trop peu…